Biographie
Elle a grandi près de Dijon. « Dans le village de Saint-Julien », précise Marianne Guedin. Son père : un médecin de campagne. La médecine générale à l’ancienne. Humaine avant tout. Signes particuliers des parents : le père fait des tours de magie. La mère cultive le jardin familial avec fantaisie. A 16 ans, Marianne Guedin veut « être artiste à Paris ». Elle vient de faire un aller-retour avec son père, pour voir une expo au Musée d’Art Moderne. C’est la fin des années 1980. Son rêve : « Faire les Arts Décoratifs. » Mais l’année du bac, elle file à l’anglaise avec un compagnon de route, acrobate. Direction : la capitale et la vie de bohème dans l’école d’Annie Fratellini.
Après une année de prépa à l’Atelier de Sèvres, l’élève Guedin intègre l’Ecole nationale supérieure des Arts Décoratifs (Ensad). « Cette école a changé ma vie. » Pendant cinq ans, elle découvre l’architecture, la scénographie, le mobilier et le design. Parallèlement, elle est « marchande de fleurs, à Montmartre ». L’année de son diplôme, elle pousse la porte de la boutique-atelier du fleuriste Christian Tortu. Sans rendez-vous. Elle était venue pour un stage, elle va y travailler trois ans.
En 2005, elle créée sa maison d’édition : Dingue de Guedin. Le verre comme matière première l’inspire. La thématique du vase, aussi. Elle donne carte blanche à ses amis designers : Soline d’Aboville, Noé Duchaufour-Lawrance, Guillaume Bardet et Jean-Marc Gady. La fabrication, elle la confie à des souffleurs de verre, dont le savoir-faire artisanal permet de concrétiser au plus juste, au plus près, chaque esquisse. Parce que Marianne Guedin aime ce travail à quatre mains, les échanges de vues et points de vue. Ses vases se remarquent et la démarquent : en 2006, elle est élue « Créatrice de l’année – Now ! Design à vivre » au salon Maison & Objet.
En 2012, elle révèle une autre facette de son travail : les scénographies monumentales. Des tableaux vivants et éphémères qui font parler. Le bouche à oreille est immédiat. Maisons de luxe, agences d’événementiel, figure de la mode… tous la sollicitent. En France comme au-delà des frontières. L’élégance de ses fleurs mises en scène parent les défilés haute couture comme les soirées du Festival de Cannes. Ce qui plaît ? Son audace. Telle une alchimiste elle mêle, mélange, mise sur l’exceptionnel, sort des sentiers battus, privilégie les circuits courts jalonnés de petits producteurs. Le tout sans tabou. Elle ne s’interdit rien. A commencer par les « mauvaises herbes », comme elle dit. Car les ronces, clématites ou autres mousses de sous-bois sont toujours de la fête dans ses créations. La spontanéité la guide. Elle ausculte les tiges, soigne les fleurs, écoute la nature, excelle dans la « haute bouture ». Sa seule limite : « C’est le rétroplanning de l’éclosion. »
Marianne Guedin a la classe de l’inclassable. Elle butine de projets en projets et pollinise ainsi son univers créatif. Sa vivacité, sa réactivité, son attirance pour le curieux, l’insolite, l’original, la positionnent là où peu s’aventurent. Loin des codes, en marge des modes. Jamais dans le copié-collé. Son parcours singulier et son expérience la hissent, pour certains, jusqu’au rang d’artiste. Héritière d’un savoir-faire acquis aux Arts-Déco, ses créations incarnent un art de vivre à la française. Elles témoignent aussi d’une fraîcheur d’esprit alliée à la rigueur de l’exécution. Le geste est sûr et sur mesure.
Texte de Anne Eveillard